Kodachi
1. Kodachi, wakisachi ou shōtō?
Merci à P.Colas de Iaido Cran-Gevrier, qui a insufflé cet article.
Littéralement...
Le kodachi (小太刀) est un sabre (-tachi 太刀) court ou d'importance secondaire (ko- 小, à ne pas confondre avec son homonyme ko- 古, qui signifie ancien).
Le wakizashi (脇差) est la variation ou ce qui est inséré/mis (-sashi 差) à/sur le coté ou en appoint/compagnon (waki- 脇). Cela nous fait 4 possibilités littérales :
- la variation en compagnon (du katana)
- ce qui est mis (à la ceinture) en appoint (du katana)
- la variation (du katana) à coté du torse
- ce qui est mis (à la ceinture) sur le coté du torse
Ces “définitions” littérales sont toutes censées, tant du point de vue étymologie qu’Histoire, comme on le verra plus loin.
Le shōtō (小刀) est une lame (-tō 刀) courte ou d'importance secondaire (même kanji 小 que dans kodachi, mais prononcé ici shō-, à ne pas confondre avec sho- 初 de shodan, qui signifie premier, nouveau, débutant).
Jusqu'ici, c'est en gros bonnet blanc et blanc bonnet. En fait, les différences sont historiques, dans l’usage, et dans la forme.
Historiquement...
Kodachi du forgeron Moriee, de la province de Bizen
Le kodachi est antérieur au wakizashi. On en trouve trace vers 1200, début de l’époque Kamakura, avec un usage qui semble assez localisé. Il a alors tout d’un sabre normal, y compris l’épaisseur, si ce n’est qu’il fait rarement plus de 2 shaku (60cm), contre ~80 cm pour un sabre standard.
Une théorie dit qu’à cette époque, le kodachi était simplement un sabre pour adolescent. Une autre théorie affirme qu’il constituait déjà une lame d’appoint pour le sabre “de cavalerie” (tachi, voir l'illustration plus loin).
Wakisachi du forgeron Kunigutsu, de la province d'Echizen
Le wakizashi n’apparaît clairement que vers 1550, juste avant l’époque Azuchi Momoyama qui marque l’unification du Japon. Le terme a-t-il émergé en réaction à la chasse aux lames de Oda Nobunaga, l’un des 3 unificateurs? En tout cas, à ce moment, le terme désigne avant tout l’usage. C’est à dire une lame d’appoint du katana en complément ou en lame de secours, de taille et forme quelconque. Cela pouvait être un tanto, un kodachi, voire un deuxième katana! En théorie, le wakizashi est indissociable du katana. En pratique, il pouvait être porté seul dans certaines circonstances, par exemple après avoir laissé son katana à l’entrée d’un bâtiment officiel.
Au début de l’ère Edo, en 1638 plus exactement, un décret du shogunat Tokugawa codifie la longueur et le port des armes. Porter le katana et le wakizashi devient alors le signe officiel d'appartenance à la caste samouraï.
La longueur du wakizashi s'établit progressivement entre 1 et 2 shaku, soit environ 30 à 60cm. Avec la période Edo de paix armée, les arts japonais s’affinent, et le wakizashi prend sa forme définitive. Il devient une réplique du katana réduite d'environ ⅓, idéalement y compris son épaisseur (appréciable lors d'utilisation comme arme de jet!).
Samourai s'équipant d'une protection de cou (Nodowa)
Il porte un tachi en bandoulière et un sabre court à la ceinture
Le décret de 1638 s’accompagne d’une interdiction du port du katana pour les personnes qui ne font pas partie des castes guerrières. Les personnes concernées se rabattent alors sur le kodachi. Par exemple en raccourcissant un katana ou un uchigatana. (équivalent de l’épée bâtarde chez nous, à mi-chemin entre un kodachi et un katana, donc de la taille d'un boken enfant actuel). Du coup, le kodachi peut être plus épais qu’un wakizashi.
La frontière entre wakizashi et kodachi n’est pas très nette. En effet, des lame renommées ou d'héritage familial montées initialement en kodachi ont pu se retrouvées adaptées pour être montées en wakizashi. Par ailleurs, un katana brisé ou trop abimé pouvait être recyclé en wakizashi ou en kodachi. L’éventuel wakizashi allant de pair avec le katana recyclé se retrouvait alors orphelin. Il pouvait finir en bien exposé, en cadeau, en kodachi, ou bien appairé à un nouveau katana. S'y ajoutent les phénomènes de “prise de guerre”, vol ou pillage du champ de bataille!
reddition des officiers japonais à Kuala Lumpur
US Marines autour d'une pile de lames confisquées, base navale de Kuhara, septembre 1945
A la fin de la 2e guerre mondiale, les Etats-Unis confisquent entre autre les sabres japonais. L’on pense évidemment aux katana et aux sabres militaires (guntō). La rafle concernera aussi les sabres courts, et toutes les lames considérées “militaires”. Les yakuza n’y coupent pas et y perdent leurs kodachi traditionnels. La mafia japonaise se rabat alors sur les baïonnettes, qui passent plus facilement au travers des mailles du filet.
Et le shōtō?
Daïshō
Lames du forgeron Sukemitsu, province de Bizen, 1440
Montures de Iwamoto Konkan, entre 1744 et 1801
Cf le terme daïshō (大小), qui désigne explicitement la paire daitō (dai- 大, grand) autrement dit le katana, et le shōtō (shō- 小, petit). Shōtō et wakizashi sont synonymes et désignent strictement le même objet. Le 1er met un peu plus l’accent sur la taille, et le 2e sur l’usage.
2. Kata usuels au kodachi
Ce sont en fait les kata 8, 9 et 10 du Kendo.
1er kata : men kaeshi men
2e kata : men parade (ukenagashi 受け流し) à gauche men, suivi d'un contrôle du coude
3e kata : men, glisser en remontant (suri-age 摺 上), glisser en faisant tomber (suri-otoshi 摺落),
puis do, glisser en parant (suri-nagashi 摺流し), glisser en rentrant (suri-komi 摺込)
pour terminer dans une forme de clé de coude (ude garami)
Voir aussi les animations ici.