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Les principes

Les explications sont principalement tirées du Manuel du pratiquant édité par la FFAB (disponible en téléchargement au format PDF) et des magazines SESERAGI, faites par Daniel Boubault puis par Toshiro Suga. Ces numéros sont disponibles en téléchargement sur le site de la FFAB.

IRIMI

Structure du terme " Irimi "

IRIMI est composé de deux caractères. Le premier, IRI, signifie entrer (il représente l’entrée d’une maison : idée de passer l’entrée de la maison, y pénétrer et y être invité) ; le second, MI, signifie le corps (il représente une femme enceinte, le corps est donc lié à une idée de plénitude).

IRIMI est donc l’action d’entrer avec le corps, en recherchant l’association, la coordination, la fusion avec l’autre, et non l’opposition.

Autrement dit, c’est le fait de mettre son propre corps dans le corps de l’adversaire. Son principe est d’éviter l’impact de l’attaque et de se placer dans l’angle mort de l’adversaire.

Le déplacement IRIMI est réalisé après l’engagement de AÏTE, c’est une notion fondamentale en Aïkido. D’ailleurs, selon O senseï, l’Aïkido est IRIMI et ATEMI.

O senseï aurait étudié l’art de la lance, et transposé ensuite le principe de IRIMI en Aïkido, dans ce sens, IRIMI est donc l’action de pénétrer victorieusement jusqu’à l’intérieur de la garde d’un adversaire armé d’une arme plus longue que la sienne, ou lorsqu’on est désarmé.

Pour cela, il faut savoir juger le MA AI avec exactitude, ne pas être perturbé par les mouvement de Aïte, et entrer directement sans la moindre hésitation.

Le Fondateur enseignait dans un DOKA (chant de la Voie) :
    « Aussitôt que
    L’ennemi devant moi
    Lève son sabre
    Je me tiens déjà
    Derrière lui.
    Lorsque vos adversaires
    Se précipitent
    Pour attaquer,
    Faites un pas sur le côté
    Et coupez sans attendre ! »

TENKAN

Structure du terme " TENKAN "

TENKAN est composé de deux caractères.

Le premier, TEN, qui transmet l’idée de pivoter, tourner à 180° (il est formé de deux parties, l’une représentant une roue, l’autre évoquant un geste circulaire).

Le second, KAN, évoque l’idée de changement car le caractère représente une femme en train d’accoucher et évoque par là le changement s’opérant dans le corps de la femme quand l’enfant vient au monde.

Ainsi, TENKAN est le mouvement permettant de changer la situation en modifiant notre position par pivot.

Il est employé pour représenter un changement, soit de direction, soit de ligne de conduite ou d’état d’esprit.

En effet, dans le geste rotatoire du pivot, on change de place et de direction, et ce geste rond rappelle l’image d’une roue qui tourne.


IRIMI et TENKAN sont l’endroit et l’envers d’une même chose.

 

TAI SABAKI

Structure du terme " Tai Sabaki "

TAI SABAKI est composé de deux caractères.

Le premier, TAI, signifie le corps, car il composé de deux parties : la première représente des os et la seconde l’abondance, le corps est donc représenté par de nombreux os.

Le deuxième caractère, SABAKI, est composé de trois parties.

Celle de gauche est une main, celle du milieu une articulation et celle de droite un couteau.

Ainsi, SABAKI transmet l’idée de séparer, démêler, mettre en ordre. Donc TAI SABAKI est le fait de se déplacer au moment où un corps, un ennemi, attaque, ce qui permet de renverser la situation.

En Aïkido, TAÏ SABAKI est donc le déplacement du corps grâce auquel on reprend l’avantage.

Ce n’est donc pas, comme on croit parfois à tort, un déplacement particulier.

Ainsi, TENKAN ou IRIMI sont des TAI SABAKI.

 

OMOTE et URA

Un des principes essentiels de l’Aïkido est le double aspect d’une technique : URA WAZA et OMOTE WAZA. OMOTE et URA sont bien souvent traduits respectivement par positif et négatif, mais ces deux termes sont en réalité bien plus riches de sens.

OMOTE est composé de deux idéogrammes, l’un signifiant poils et l’autre vêtement. OMOTE est donc ce qui est visible, offert à la vue, et par extension l’endroit, la surface, l’avant ; le positif. C’est un concept proche de HONNE, qui se traduit par « véritable sentiment ».

URA est lui constitué de trois caractères, le premier signifiant le col, le deuxième le champ et le dernier l’habit. En fait, au Japon, l’élégance est liée à la discrétion, ainsi ce sont souvent les parties intérieures du kimono qui sont les plus décorées. URA signifie donc ce qui est intérieur, le verso, l’envers, l’aspect caché des choses ; le négatif. Ce concept se rapproche de TATEMAE, qui se traduit par « façade ».

On trouve ce principe d’opposés apparents dans toute chose : l’homme lui-même a une face et un dos, le YIN et le YANG se complètent. Cependant, en Aïkido, toutes les techniques ne possèdent pas ces deux formes, car l’une d’entre elles peut s’avérer non efficace dans la pratique.

En effet, OMOTE et URA permettent de donner des réponses différentes en fonction du MA AÏ ou d’autres éléments de la situation, comme le nombre d’adversaires. Schématiquement, on classe dans OMOTE WAZA les techniques exécutées en entrant face à l’adversaire, et OMOTE WAZA celles exécutées en entrant derrière l’adversaire, en absorbant.

ATEMI

Etymologiquement, l’ATERU exprime l’idée d’évaluer, de tomber juste à l’endroit voulu, et à cela s’ajoute la notion de succès. Dans l’ancien Budo, l’ATEMI consistait à frapper les points vitaux de l’adversaire dans le but de provoquer une blessure ou la mort.

Ainsi, blesser seulement en surface n’était pas considéré comme un ATEMI. Aujourd’hui, l’ATEMI est utilisé pour dominer la volonté de Aïte, perturber sa concentration, stopper l’intention d’action, provoquer une douleur.

Il faut étudier les points vitaux, les points de réanimations, ainsi que le réalisme de l’ATEMI, son rythme, sa spontanéité et sa précision.

SHISEÏ

Structure du terme " Shiseï "

SHISEÏ est composé de deux caractères.

Le premier, SHI, pris seul, signifie silhouette, contour, forme, apparence ; et le deuxième, SEÏ, signifie vigoureux, énergique, puissant car il est représenté par des poteries en terre, séparées par des podiums qui leur confèrent solidité et maintien.

Ainsi, le SHISEÏ peut se résumer à l’apparence globale, la simple silhouette d’une bonne tenue d’une personne, qui laisse percevoir toute la vigueur qui s’en émane.

C’est donc à la fois l’attitude extérieure et la force intérieure, qui est visible de l’extérieur.

Pour atteindre le SHIZEÏ, il faut étirer et garder droite la colonne vertébrale (en voulant « pousser le ciel avec sa tête »), tout en gardant le corps (épaules, poitrine) détendu et souple.

En Aïkido, on appelle SANKAKUTAI une telle posture souple, équilibrée, permettant de se mouvoir librement.

 

REIGISAHO

Le REIGISAHO, l'étiquette, est plus qu'un code (reishiki) : c'est une première expression du SHISEÏ et du KOKYU: une présence à soi-même et aux autres; du KAMAE et du ZANSHIN : l'accès à une plein perception élargie de l'espace; d'ARUKIKATA : une liberté des appuis. Le reigisaho se développe au dojo et dans la vie quotidienne; l'étiquette se retrouve dans tous les temps de la pratique de l'aïkido: stages, passages de grades, démonstrations, examens d'enseignement.

KAMAE

KAMAE signifie se préparer, se mettre en garde, être sur le qui-vive, à l’affut. Il consiste à prendre par rapport à l’AÏTE la position la plus avantageuse possible.

Le KAMAE concentre les pouvoirs du KI et permet de percevoir tous les détails, et donc d’amener l’AÏTE à attaquer selon la forme que l’on désire. En aïkido, on utilise la garde de profil, appelée HAMMI NO KAMAE. Celle-ci permet de pouvoir se mouvoir facilement, d’avoir une bonne stabilité et en même temps de se protéger car les zones vulnérables se trouvent de face.

En position de garde, les pieds sont écartés de la largeur des épaules, puis soit le pied gauche avance, ce qui entraine un léger pivot du pied droit, la garde est alors à gauche (HIDARI HAMMI), soit c’est l’inverse avec la garde à droite (MIGI HAMMI). A main nues ou au JO, la garde de base est HIDARI HAMMI, alors qu’avec un sabre on utilise MIGI HAMMI.

Evidemment, en Aïkido comme dans de nombreux autres arts martiaux, le KAMAE occupe une place centrale. Il se retrouve aussi dans d’autres arts traditionnels japonais, tels que la calligraphie, la cérémonie du thé…

KI, TEGATANA ET HARA

LE KI représente l’énergie potentielle de l’homme, l’énergie vitale, la manifestation de la vie dans l’univers. Il prend son origine dans les légères variations de la respiration, et se développe par la pratique de la respiration abdominale, le KOKYU. Le but est de savoir s’en servir, l’utiliser lors de la pratique, le libérer, s’harmoniser avec le KI de son adversaire, que corps et esprit ne fassent qu’un.

TEGATANA est le fait d’utiliser la main de la même manière que lorsqu’elle tient un sabre : c’est la « main-sabre ». Le but n’est non pas de couper mais de projeter et diriger son KI, à travers les doigts de la main qui doivent être tendus.

Le HARA est la réserve de l’énergie humaine, la zone se trouvant au niveau de l’abdomen. Il correspond au centre de gravité de l’homme. Le travail du ventre se nomme HARAGEI, il permet la concentration de l’énergie et est indispensable pour progresser techniquement.

KOKYU

KOKYU (KO : expirer et KYU : inspirer) est une respiration abdominale : rejet du gaz carbonique de façon lente, profonde, ainsi qu’absorption de l’oxygène et d’un nouveau KI pur. Plus précisément, les épaules sont basses, la respiration se fait par le nez ; au début, on peut forcer l’expiration et laisser l’inspiration se faire naturellement, ainsi que compter les temps pour régler le rythme respiratoire. En cas d’essoufflement, il est possible d’utiliser la bouche pour revenir à une respiration normale, sans halètement.

On peut exercer son KOKYU dans la vie quotidienne, en marchant ou au travail. Seul un entrainement assidu permettra d’obtenir un KOKYU et un SHISEÏ juste. Ainsi, votre corps sera rempli d’un KI vigoureux, fort face à toute urgence.

KOKYU ROKU

Le stade suivant le KOKYU est le fait d’emplir son corps de l’énergie de l’Univers (RYOKU : force, puissance), de l’absorber, de l’accumuler dans tous les recoins de son corps ; et cette force émanant d’un esprit et d’un corps calme, capable à tout moment de répondre à une urgence, dans la direction désirée, s’appelle le KOKYU ROKU. Cette force peut être détenue par tous : homme, femme, personne âgée ou enfant, c’est pourquoi tout le monde peut pratiquer l’aïkido, une fois ce principe bien compris. Ainsi, l’aïkido n’est pas fondé sur la force physique, mais sur l’utilisation de cette énergie mentale : toute technique doit être exécutée en accord avec ce principe, .

Pour que cette force puisse s’exprimer, il est nécessaire de décontracter nuque, bras et épaules, d’avoir un état d’esprit adapté (ne se croire ni tout puissant ni incapable), et de croire en elle. Il faut arriver à éliminer tous ces déchets qui font barrage au passage du KI. O Senseï disait : « L’aïkido est une purification du corps et de l’âme, c’est décrasser le corps et l’âme ».

MA AÏ

MA AÏ est un mot très important en Budo car il définit la relation spatiale, la distance entre les deux partenaires, c’est-à-dire la position d’où il est facile d’attaquer ou de se défendre. Le MA AÏ n’est donc pas seulement une notion de distance ; il faut y inclure le mouvement des cœurs dans l’espace. Si j’ai peur, l’espace semble trop petit, si j’ai trop confiance, l’espace semble trop grand. Le AÏ de MA AÏ est le même que le AÏ de Aïkido, avec le sens de faire Un, mettre en ordre, harmoniser... MA AÏ est donc l’espace qui naît du cœur et de l’esprit, de soi-même et de l’autre, et les englobe tous deux dans une évolution constante vers la position la plus avantageuse.

On distingue 3 distances en Aïkido :
-CHIKAMA : c’est la petite distance (environ un pas entre les deux partenaires). Elle permet de faire des techniques sur place.
-MA : c’est la distance idéale (un grand pas entre les deux partenaires, c’est-à-dire qu’ils ont les bras mi-tendus face à l’autre et que leurs mains se touchent). Elle permet de voir et de pouvoir agir.
-TO MA : c’est la grande distance (plusieurs pas entre les deux partenaires). Cette distance est surtout utilisée quand la pratique se fait avec des armes (JO, KEN).